Il a toujours été clair pour nous que la mono-culture sur de grandes surfaces était un non-sens d'un point de vue écosystémique. En implantant le vignoble sur une terre vallonneuse, sillonnée de coulées, bordée par une des grandes rivières du sud du Québec et entourée de boisés, nous visions à ce que les vignes ne représentent qu'un partie d'un tout beaucoup plus grand. Encore aujourd'hui, nous cultivons de petites parcelles, peu propices à la mécanisation excessive. Au sol, de nombreuses plantes indigènes côtoient la vigne. En bordure des parcelles, les fossés naturalisés et les boisés abritent une faune et une flore riches. C'est dans le maintien de cette biodiversité que réside le secret d'un système de culture équilibré, sain et autonome.
Décider de planter un cépage plutôt qu'un autre dans cette parcelle-ci. Arrimer porte-greffe et clone pour une symbiose parfaite. Travailler le sol aujourd'hui plutôt que demain. Vendanger rapidement ou laisser le raisin mûrir encore une ou deux journées de plus. Chaque jour, nous prenons des décisions avec un seul objectif, produire les meilleurs raisins possibles. Car comme vous le dira tout bon vigneron, le vin se fait d'abord dans la vigne. Quand le raisin qui entre au chai à l'automne est d'une qualité remarquable, c'est déjà 90% du vin qui est fait. Pas surprenant que nous passions autant de temps à bichonner nos vignes durant toute la saison.
En plus d'avoir proscrit l'utilisation de produits chimiques de synthèse dans le vignoble, nous mettons en oeuvre depuis le tout début plusieurs pratiques biodynamiques. En choisissant de suivre les rythmes intrinsèques de la nature et en nous appliquant à rendre notre sol vivant, nous sommes convaincus que nous offrons à la vigne tout le nécessaire pour qu'elle produise des raisins d'une qualité exceptionnelle. C'est plus de travail pour les vignerons, mais la vigne nous le rend bien.
Nous avons fait le pari audacieux de cultiver, au Québec, des cépages qui sont sensibles aux grands froids hivernaux. En faisant primer la qualité des cépages sur leur résistance à l'hiver, nous faisions aussi le choix de nous astreindre à une rigoureuse discipline automnale pour installer chaque année plus de 13 km de toiles de protection. Ainsi, ce sont plus de 250 toiles qui sont déroulées une par une, rang par rang, avant d'être installées et scellées afin que chaque vigne puisse passer l'hiver sans dommages. Une tâche laborieuse certes, mais qui donne des résultats probants même lors d'hivers particulièrement rigoureux.
Choisir de cultiver du Pinot noir c'est s'obliger à un travail impeccable au champ. On lui réserve les meilleurs soins, car il ne supporte rien de moins que l'excellence. Capricieux à ses heures, notamment lorsque les conditions météo deviennent difficiles, le Pinot noir demeure un cépage particulièrement bien adapté aux conditions climatiques qui prévalent ici.
Croisement entre le Gamay et le Reichensteiner, le Gamaret est une étoile montante du vignoble suisse... et du nôtre, bien sûr! Débordant de fruits, avec une belle touche épicée et des tannins bien ronds, il a tout pour plaire. D'autant plus qu'il est absolument merveilleux à cultiver en raison de son port bien érigé et de sa résistance à de nombreuses maladies de la vigne.
C'était clair pour nous, dès le début du projet, que le Vidal aurait une place de choix dans le vignoble. Le plus canadien des cépages s'exprime ici dans toute sa polyvalence. Rond et gourmand dans notre cuvée Matière à discussion, il est au contraire vif et croquant en version Bouche-bée ou même résolument festif avec Ces petits imprévus.
Un projet un peu fou de planter de la vigne dans un coteau franc sud avec des pentes de 40%. Pourquoi ne pas essayer quelque chose de différent, d'audacieux? Pourquoi pas ce grand cépage ibérique? Une première petite cuvée a été produite en 2017 et l'avenir nous dira si le jeu en valait finalement la chandelle.
Une centaine de vignes de Chardonnay, reliques de nos premiers essais viticoles autour de 2007, poussent encore en bordure du chai. Qui sait si vous n'aurez pas la chance, un jour, de mettre la main sur une bouteille de Chardonnay du Domaine du Nival. Une façon de faire un clin d'oeil, aussi petit soit-il, à ce cépage phare des vignobles de climat froid.
C'est tellement bon du Gamay qu'on se demande parfois pourquoi nous n'en avons pas planté à grande échelle au vignoble. Comme le dit si bien l'adage, choisir c'est sacrifier. Heureusement qu'il nous reste encore près d'une centaine de plants de Gamay datant de nos premiers essais en 2007-2008 pour produire, lors de belles années, une petite cuvée spéciale avec ce merveilleux cépage.
Un autre projet un peu fou, celui de faire quelques essais viticoles avec de la Petite arvine. Ce grand cépage valaisan (suisse) produit des vins hors norme, uniques et profonds. Avec quelque 200 plants mis en terre en 2016, on ne fera certes pas de production de masse. Mais espérons que d'ici quelques années nous puissions en tirer quelques bouteilles d'exception, à la hauteur de ce grand cépage.